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Après l'averse
22 mai 2019

# 19

Cet article a été trouvé derrière les fagots de mon ordinateur, entre deux documents word qui se battent en duel.

Souvenirs qui me font mourir de rire (sans aucun ordre de préférence).

 

-       La résurrection de mon grand cousin Raoul (commençons bien)

 

Raoul qui ne s'appelle pas Raoul pour de vrai mais qui a tout de même un prénom relevant du spectaculaire est un cousin éloigné de ma mère. Je n'avais jamais rencontré Raoul et j'étais persuadée qu'il était mort (tout le monde parlait de Raoul au passé ou, pour être plus exacte, beaucoup de personnes avaient oublié Raoul).

Un jour à Moscou, ma grande tante Liouba me demande comment va Raoul. Je lui réponds lapidairement "Bah Raoul est mort !". Liouba se trouve un peu attristée puisqu’elle a connu Raoul dans une autre vie. Elle me demande les circonstances de sa mort, quand a-t-il disparu, si je suis allée à son enterrement... Elle souhaite vraiment s'assurer que je ne confonde pas avec quelqu’un d’autre (notre famille étant tentaculaire). Je lui jure sur mes grands dieux que vraiment, Liouba, promis, je te jure, Raoul est mort. 

Je poursuis en disant que j'ignore la date exacte de sa mort mais que ça doit remonter à loin, que je ne l'ai jamais rencontré et que je ne suis pas allée à son enterrement. Liouba finit la conversation par un "Seigneur, pauvre Raoul".

A mon retour en France, je suis invitée à un mariage d'une obscure cousine très très très éloignée. J'entends qu'un certain Raoul est là. Mes oreilles se dressent : il n'existe qu'un seul spécimen raoulien dans mon arbre généalogique. Je frôle la syncope mentale, car ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à la résurrection de Lazare. J’entraperçois ledit Raoul. Je m’approche de lui. Nous nous présentons mutuellement. Raoul est très gentil, on échange quelques mots. N'y tenant plus je lui dis "Ah, quelle joie de te savoir vivant, je t'ai enterré auprès de Liouba, je te croyais mort. Elle sera ravie de te savoir ressuscité."

Raoul rigole et me dit "Oh mais quand même j'ai eu une leucémie donc tu n'étais pas dans le faux."

Quelques temps après le mariage, j’écris un mail à deux personnes de ma famille en Russie, pour leur demander de transmettre à Liouba l’info suivante : ALERTE A TOUTES LES VOITURES, JE REPETE, ALERTE A TOUTES LES VOITURES, RAOUL NE SE FAIT PAS CROQUER LES EXTREMITES PAR DES VERS DE TERRE, IL EST VIVANT.

J’ai quand même écrit une petite lettre à ma chère Liouba en lui expliquant (entre autres) que j’étais désolée de m’être lamentablement plantée sur l’existence de Raoul (mais que, comme il le dit si bien, quand même, il avait eu de gros soucis de santé et avait salué la mort de près, donc on n’était pas loin de la vérité). J’ai revu Raoul une fois, par hasard, dans le métro, alors qu’il habite à mille milliards de kilomètres de Paris. Nous avons discuté quelques instants. Nous nous sommes mutuellement dit (et nous le pensions vraiment) que nous étions ravis de nous revoir. Depuis ce mariage, dans mon esprit, Raoul est mon grand cousin ressuscité.

 

-       La sidération du milkshake

Au tout début de ma relation avec Monsieur (en 1923, donc), nous avions l’habitude d’aller prendre un goûter dans des chaînes de restauration rapide (depuis, nous sommes devenus snobs, on préfère les vrais salons de thé). Je crois me souvenir que ce jour-là, nous étions encore au tout début de notre histoire. Le stade « j’ai mal au ventre car je n’arrive pas à faire caca / j’ai le nez qui coule et pas de mouchoir / j’ai des poils incarnés et ça me saoûle » et autres joyeusetés de ce type n’était pas encore atteint. J’étais au contraire dans l’ambiance princesse inaccessible et mystérieuse. Les simples mots « morve » ou « éruption cutanée » ne faisaient pas partie de mon vocabulaire devant Monsieur. J’entretenais le mystère. Un satané milkshake a foutu en l’air toute mon aura charlottegainsbouresque (elle a longtemps fait partie de mes idoles). Je buvais donc un milkshake, en ayant retiré le petit couvercle cartonné (sacrilège). Ce qui devait arriver arriva. Je me suis retrouvée avec ma boisson sur le menton, dans les cheveux et sur mon tshirt. Au lieu de réagir comme une personne normalement constituée (rigoler et/ou râler et/ou éponger la boisson), j’ai mis plusieurs minutes à percuter que je n’étais pas LA SEULE à voir que je venais de faire une bêtise. Je faisais COMME SI TOUT ALLAIT BIEN, alors que non (vraiment, non). Monsieur continue des années après à en éclater de rire : apparemment, je faisais tellement semblant d’être la petite-fille secrète de Catherine Deneuve que mon visage demeurait impassible comme si de rien n’était (en vrai, j’étais absolument morte de honte et je me disais que Charlotte Gainsbourg n’avait jamais dû gaffer à un rendez-vous amoureux, et qu’il n’y avait donc aucune solution gainsbouresque à ma portée).

 

-       La marmite de la honte (en pendant avec la sidération du milkshake)

Il faut savoir d’emblée que j’ai failli faire pipi dans ma culotte lors de l’épisode de la marmite sans fond (plus grand fou-rire de mon existence – j’ai frôlé la crise d’asthme ainsi que les côtes cassées en plus du presque pipi).

Monsieur et moi étions à Berlin. C’était en février. Il faisait un froid de gueux. Nous nous sommes retrouvés par hasard dans un quartier très excentré (ou bien, au contraire, nous voulions aller au fin fond du monde berlinois, je ne m’en souviens plus avec précision). Nous mourrions de faim. Nous sommes tombés sur un petit restau asiatique, dont l’équipe ne parlait pas un mot d’anglais. Les vendeuses parlaient peut-être (sans doute ?) allemand, mais ni Monsieur, ni moi ne pratiquons la langue du pays des dirdnl. La commande en elle-même était épique. Nous étions derrière le comptoir, pointant du doigt ce que nous souhaitions consommer. C’était déjà un sketch en soi. Je n’explique pas la difficulté à communiquer, alors que nous pointions précisément ce que nous souhaitions acheter. Vint le moment de payer. J’ai vu la scène au ralenti, comme dans les films. J’ai vu ce qui allait se passer. Je ne sais plus si nous avons payé chacun notre part ou si Monsieur a payé pour nous deux. Là n’est pas la question. Il a posé un billet sur la partie plate de la vitrine, qui recouvre légèrement la première rangée des plats préparés exposés à la clientèle. Il a rajouté une pièce d’un euro. Il l’a faite glisser comme un frisbee. Il n’a pas posé la pièce de manière strictement verticale. Il n’a pas non plus jeté la pièce négligemment (Monsieur est poli !). Il l’a posé rapidement, comme si elle lui échappait des mains. La pièce est tombée. Dans une marmite fumante. J’ai littéralement vu la scène au ralenti. Le vol plané de ce pauvre petit euro. La chute vertigineuse du sou dans la marmite. Le visage horrifié de mon mec, qui présente ses excuses dans un mélange approximatif d’anglais d’allemand d’espagnol d’italien et de français (c’est l’émotion). Les pauvres vendeuses qui sont stupéfaites et ne savent pas quoi faire (il leur manque un euro pour la caisse et le contenu de la marmite est contaminé par une pièce sortant dont ne sait où !). L’une des deux vendeuses prend l’initiative de partir à la pêche à la pièce, dans la marmite sans fond. Un premier coup de louche : rien du tout. Un deuxième coup de louche : toujours rien. Elle touille, elle touille, elle touille. Je pleure de rire, je pleure de rire, je pleure de rire. Lui est en état de choc, il n’y a littéralement plus personne dans son cerveau, son regard montre qu’il rêve de mourir d’un AVC dans la minute, qu’il n’espère qu’une chose : disparaître sous terre. L’expression « touche le fond mais creuse encore » n’a jamais été aussi bien trouvée que pour la récupération de cette petite pièce. Trente-sept coups de louche plus tard (cette soupe à la pièce devait être un véritable bouillon de culture), l’euro sort tout fumant de la marmite (c’est tout juste s’il n’était pas décoré de vermicelles chinois). Il rentre sagement dans la caisse. Nos plats sont prêts. On nous sert dignement notre repas. Grosse ambiance dans le bouiboui : les vendeuses font la tronche (normal), Monsieur a envie de se suicider de honte (normal), je frôle la crise d’asthme de rire (normal). Plus je ris, plus il a honte, plus elles font la gueule, plus je ris, plus il a honte, plus elles font la gueule. Il a mangé ventre à terre (il ne voulait pas s’éterniser), tandis que je n’arrivais pas à déjeuner, la faute au fou-rire.

En cadeau bonus : Monsieur a un côté assez chochotte de l’hygiène (alors que moi, j’ai un génome russe, rien ne me fait peur). Il était horrifié par la marmite dont le contenu était, à ses yeux, souillé par l’euro. Il tombait dans des considérations hautement philosophiques, me disant qu’il avait gâché une marmite entière, que la confection du plat avait coûté bien plus d’un euro et que les vendeuses devraient jeter tout le plat pour ne pas contaminer les futurs consommateurs. Je lui répondais au contraire qu’elles ne jetteraient pas la marmite car ça coûterait trop cher en terme de temps et d’argent de tout recommencer et que, ni vu ni connu, les autres clients prendront de la soupe à l’euro. Il avait peur de créer une épidémie de gastro dans le périmètre du restaurant. Je lui rétorquais que les vrais durs à cuire ont un système immunitaire pouvant supporter une soupe à l’euro, et que, ceux qui ne peuvent pas survivre ne vont de toute façon pas s’encanailler dans un bouiboui vide de monde (nous étions les seuls clients).

 

-       Le miroir qui n’avait rien demandé à personne

Il y a un peu moins d’un an, pour le travail, je devais prendre un train à 6h00 du matin. Je me suis réveillée à 5h00 du matin, plus morte que vive. Je marchais au radar. En me brossant les dents, j’ai oublié de me souvenir qu’on recrachait le dentifrice dans le lavabo. J’ai donc maculé de dentifrice le miroir de la salle de bain en recrachant devant moi, alors que j’étais en train de regarder ma tronche. Et j’ai mis quelques instants avant de comprendre qu’il y avait un petit couac (je relevais plus du zombie que de l’être humain). Après avoir compris que j’étais assez neuneu et surtout pas réveillée, j’ai grossièrement rincé le miroir (je ne voulais pas être en retard, mais je ne souhaitais pas laisser la salle de bain dans un état désastreux). J’étais toujours autant au radar. C’est-à-dire qu’au lieu d’éclater de rire immédiatement après avoir pris connaissance de ma bêtise, il m’a fallu être réveillée pour prendre conscience du comique de la situation. D’où mon fou-rire, seule, dans la gare, une heure plus tard, sous les regards incrédules des autres voyageurs.

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Commentaires
A
Zofia > mon copain me dit toujours qu'on ne s'ennuie jamais avec moi ! Quand il me trouve trop chiante il me dit "arrête de faire ta tornade" 😂
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Z
😂😂😂<br /> <br /> Mon dieu, tu es épique !! c'est magique de vivre avec toi 😂
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